De Tchekhov à l’ikigai : HEC Paris lance sa master class entrepreneuriat à Station F
Salle comble lundi 2 octobre dernier à Station F pour la première master class d’HEC Paris Executive Education dédiée à l’entrepreneuriat, intitulée "Jamais trop tard pour entreprendre ! ". Le public présent a été rejoint par des centaines d’internautes qui ont suivi les échanges sur Facebook et Youtube. Tous étaient venus recueillir les précieux conseils dispensés par les professeurs Etienne Krieger et Frédéric Iselin, mais aussi par un panel d’entrepreneurs à succès.
« Connaître son client », « mesurer l’impact », « miser sur l’innovation », « se préparer à une aventure humaine », « apprendre à oser » : telles sont les idées-clés liées à l’entrepreneuriat énoncées par l’Executive Director Business Development d’HEC Paris Executive Education, Inge Kerkloh-Devif, pour conclure une master class de plus d’une heure menée magistralement par Etienne Krieger, le directeur scientifique du Centre d’Entrepreneuriat d’HEC. Devant une cinquantaine de startuppeurs et de spécialistes du sujet, ce dernier n’hésite pas à évoquer la quête de l’Ikigai qui guiderait, selon lui, les entrepreneurs vers une alliance entre quatre planètes : « ce que vous aimez faire, ce dont le monde a besoin, ce pour quoi vous pouvez être rémunéré et ce que vous savez faire ».
Etienne Krieger et Frédéric Iselin appuient leur propos sur les résultats d’un questionnaire détaillé qu’ils ont diffusé quelques jours avant la master class. L’objectif : mieux connaître le profil-type des startuppeurs d’aujourd’hui, leurs perceptions, les opportunités et les risques qu’ils encourent, ainsi que les voies et moyens de constituer la dream team nécessaire à leur projet. « L’entrepreneur doit avoir la capacité à déceler les désirs latents des clients, et doit rêver avec eux, » martèle Frédéric Iselin, avant de décrire les pièges à déjouer, tels les « substituts » et les nombreux « saboteurs » de start-up. En réponse au titre de la master class, les deux professeurs tordent le cou aux perceptions habituelles, qui font souvent croire que les jeunes domineraient le monde de l’entrepreneuriat. L’âge moyen pour entreprendre est de 35 ans, et monte à 38 pour les entreprises innovantes : « c’est peut-être lié à la crise de la quarantaine », lance Etienne Krieger.
Quête de sens
Les cinq entrepreneurs invités à la table-ronde qui suit les exposés incarnent les qualités décrites auparavant : un savant mélange d’innovation, de passion (cette « clé tchekhovienne », selon Etienne Krieger) et d’abnégation. « Le chemin est long et semé d’embûches », avoue Simone Hammer, présidente de l’école Montessori 21. « C’est une quête de sens. On a toujours tendance à regarder les montagnes qu’il faut franchir, mais cela veut dire qu’on a déjà escaladé pas mal de côtes », ajoute la fondatrice de quatre écoles Montessori qui, dans sa propre quête, allie le social et le solidaire.
À ses côtés, l’entrepreneur Adama Touré insiste sur le besoin d’adapter les solutions offertes aux réalités locales. « Chez TripAfrique , on a pris en compte la question du paiement pour le transport en Afrique par le biais du paiement mobile, qui est d’ailleurs beaucoup plus développé là-bas qu’ici en Europe, » souligne-t-il. La plate-forme est actuellement présente dans 11 pays, et Adama Touré n’exclut pas la possibilité de l’exporter ensuite vers l’Amérique Latine et l’Asie. Cette réponse à un besoin concret est également au cœur du service offert par le groupe Point Vision, créé par deux autres entrepreneurs, François Pelen et Patrice Pouts. Le simple constat des difficultés actuelles à prendre rendez-vous chez un ophtalmologiste les a propulsés vers un succès qui s’élève à 50 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Être honnête, savoir choisir ses associés selon les qualités complémentaires qu’ils peuvent amener, et ne pas fuir le risque : tels sont les facteurs qui ont aussi aidé Nathalie Gaveau à connaitre un succès remarquable au sein de PriceMinister et de Shopcade. La diplômée HEC 1999 n’a pas caché son émotion d’être à Station F, à proximité immédiate des 188 jeunes entrepreneurs de l’incubateur HEC Paris (implanté à Station F depuis juin 2017) qui œuvrent à suivre les pas des invités à cette master class inaugurale. L’événement a été organisé par le département marketing de l’Executive Education d’HEC Paris. La prochaine session est prévue avant la fin de l’année.